dimanche 30 septembre 2012

Qatar, un ami qui nous veut du mal !  

 

 

L'action du Qatar en France continue d'intriguer la classe politique 

 

Après avoir investi dans le sport, puis sur le marché de l'art, le Qatar s'intéresse depuis fin 2011 aux banlieues françaises.


Par Catherine Barry 
 
Les projets d'investissements du Qatar en France, dans le secteur sportif ou pour relancer l'activité dans les banlieues, continuent de susciter des interrogations dans la classe politique, où l'idée d'une commission d'enquête parlementaire commence à faire son chemin. Après avoir investi dans le secteur sportif, au Paris-Saint-Germain (football et handball) et dans l'achat de droits de diffusion TV, puis sur le marché de l'art, le Qatar s'intéresse depuis fin 2011 aux banlieues françaises, auxquelles il voulait dédier à l'origine un fonds de 50 millions d'euros.
L'initiative a été reportée avant les élections en France, afin d'éviter son instrumentalisation politique. La présidente du Front national, Marine Le Pen, avait notamment accusé le Qatar "d'investir massivement" sur une base communautaire dans les banlieues, où vivent de nombreux musulmans. La nouvelle majorité cherche désormais à modifier les contours de cette initiative, en s'orientant plutôt, selon le ministère du Redressement productif, vers "un fonds franco-qatari", abondé par l'État et le privé, destiné à l'ensemble des territoires déshérités pour aider à y créer de l'emploi. Son montant n'est pas encore fixé.


"Partenariat stratégique"


"Un partenariat stratégique est en train de se jouer entre nos deux pays en effet", a confirmé dimanche le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, qui n'a pas voulu s'étendre sur le sujet. "Par principe, quand une négociation est en cours, la moindre des choses - c'est de la politesse mais peut-être aussi de l'habileté -, est qu'une des deux parties n'en dise rien de ce qu'(elle) en pense", a-t-il glissé au Grand Rendez-vous Europe1/i>Télé/Le Parisien. "Ce partenariat stratégique n'a pas été initié par nous, peut-être est-il poursuivi sous notre autorité", a-t-il ajouté, précisant que "la gauche, au moins autant que la droite, a le sens de l'État et de l'intérêt du pays".
À droite, plusieurs figures ont exprimé dimanche leurs interrogations, même si c'est durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que les liens entre la France et le Qatar se sont resserrés. L'ex-ministre Bruno Le Maire s'est ainsi dit "favorable" sur Radio J à l'idée d'une commission d'enquête parlementaire sur les investissements du Qatar en France, proposée par son collègue député UMP Lionnel Luca. Les investissements étrangers en France, "ça pose question, cela ne va pas de soi que le Qatar puisse investir à coups de dizaines de millions d'euros dans le sport, les quartiers, sans qu'on comprenne très bien la stratégie de long terme", a jugé Bruno Le Maire.


Précautions


Son ancienne collègue du gouvernement Nathalie Kosciusko-Morizet a abondé dans son sens sur Canal+. "L'investissement étranger doit être recherché, mais, surtout dans ces conditions qu'on sent un peu ambiguës, il doit être encadré", a-t-elle estimé. "Moi, je veux savoir qu'elles sont les conditions d'engagement de ces fonds. Est-ce qu'il va y avoir un droit de regard public ? Est-ce qu'on va savoir où va l'argent, comment c'est contrôlé ?" a poursuivi la députée UMP de l'Essonne.
Des précautions qui ne suffisent pas au député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), élu du même département de banlieue, vivement opposé à l'entrée de capitaux qataris dans les cités. "Pauvre pays où une puissance étrangère, je dirais la même chose si c'était les États-Unis ou le Japon, vient intervenir dans nos affaires intérieures. Mais où est tombée la France pour accepter ça ? c'est fou !", s'est exclamé le député non inscrit (ex-UMP).


Eric Denécé : « Le Qatar est un Etat salafiste modéré qui soutient un islam radical de la pire espèce dans le monde arabe »

Mezri Haddad : " Avec son argent, le Qatar peut tout acheter sauf l’honneur !"



Eric denécé (1), écrivain et directeur du CF2R , était invité à un débat sur France24 en langue française pour parler du financement des banlieues en France. Sur le même sujet, Mezri Haddad (2), philosophe et ancien ambassadeur de la Tunisie à l’UNESCO, était l’invité de France24 en langue arabe. On ne sait pas si les deux hommes se connaissaient ou s’ils se sont concertés avant de participer à ces débats télévisés. Toujours est-il qu’ils sont exactement sur la même longueur d’onde au sujet du danger que constitue le Qatar. Ce que l’un a dit dans un arabe somptueux, l’autre l’a dit dans la langue de Molière.

Lors du débat de France 24, M. Eric Denécé a d’emblée dit qu’il « observe avec surprise que l’argent n’a pas d’odeur », qu’au sujet du Qatar, il y a deux stratégies : « une stratégie d’affaires et une stratégie de prosélytisme ». Il a défini le régime qatari comme un « salafisme modéré », en précisant qu’un « salafiste modéré, c’est comme un nazis modéré ». Pour lui, « le Qatar mène une politique étrangère ultra-extrémiste. On parle du Qatar comme d’un Etat normal. Or, si on faisait une échelle d’États démocratiques, le régime de Bachar Al-Assaad, malgré ses énormes défauts, était encore deux fois plus démocratique que le Qatar, qui ne donne aucun droit démocratique à ses citoyens. Cet Etat finance des groupes salafistes qui tuent et torturent en Syrie comme ils ont fait en Libye.
Le Qatar intervient au nord du Mali pour répandre un islam radical qui détruit les traditions africaines pour couper les mains, violer des femmes et tuer des enfants ». M. Denécé a affirmé que « Le Qatar est un État salafiste modéré –ce qui fait sourire- qui soutient un islam radical de la pire espèce dans le monde arabe… ». « N’oublions pas ce que c’est le Qatar ? C’est un bédouin avec deux chèvres et quelques chameaux qui a trouvé du pétrole », a conclu M. Eric Denécé.
Quant à Mezri Haddad, dont on connaît la haine qu’il voue au Qatar, il a déclaré aussi que ce pays « n’est ni un Etat, ni un Emirat, mais une Machyakha dirigée par des bédouins ». C’est un régime « petit dans tous les sens du terme ». Il a mis en garde contre ces gens qui « ont joué un rôle fondamental dans ce qu’on appelle le printemps arabe ». « Dans chaque dollars investi en France ou ailleurs, il y a le virus et le poison wahhabite », a-t-il affirmé en précisant que les qataris cherchent à moyen et long terme de s’immiscer dans la politique intérieure française par le biais de l’islam de France »
Son contradicteur M.Mohamed Hnid, un tunisien originaire de Zarzis, mandaté pour défendre le Qatar, a alors essayé de le déstabiliser en lui disant : « le printemps arabe est un honneur pour tous les Arabes et vous êtes contre parce que vous étiez un agent du régime et vous avez qualifié les Tunisiens de hordes ». Ce à quoi Mezri Haddad a répliqué : « Le printemps arabe n’honore que les gens sans honneur. Avec son argent, le Qatar peut tout acheter sauf l’honneur.  J’assume toute la responsabilité dans ce que j’ai dit chez Bourdin. Honte et mille fois honte à ceux qui ont répondu à l’appel du Qatar de se soulever contre leur propre pays et qui ont conduit la Tunisie au désastre actuel. Je suis fier d’avoir été l’agent de la Tunisie lorsqu’elle était libre et indépendante. Vous, vous êtes l’agent d’un émirat bédouin qui a mis le feu dans le monde arabe ». Que voulez-vous au Qatar » lui a rétorqué M.Hnid. « Je veux qu’elle disparaisse comme elle a détruit la Tunisie, la Libye, l’Egypte et tente de faire la même chose aujourd’hui en Syrie. Ce régime wahhabite s’en prend même à l’Afrique, notamment au Mali où les qataris ont armé et financé des islamo-terroriste pour déstabiliser ce pays » a répondu M.Haddad en ajoutant : « Pour votre chaine Al-Jazeera et son imam hypocrite Al-Qaradaoui, Ben Laden n’est pas un terroriste, Al-Qayda n’est pas une organisation terroriste et les barbares qui égorgent nos enfants en Syrie ne sont pas des terroristes, parce qu’ils sont tous au service du Qatar ».
 A la fin du débat, répondant aux questions des éditeurs, notamment Ben Zarrouk Abdelkader d’Algérie (Pourquoi cette peur des projets qataris alors qu’il s’agit d’investissements économiques ?), Mezri Haddad a répondu « Parce que j’ai pour la France, pays de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme, beaucoup d’estime et de reconnaissance. Je crains pour la France de ce poison wahhabite et salafiste que le Qatar distille ».
 
Quand le Qatar investit dans les banlieues françaises Danger...


(1) Monsieur Eric Denécé est docteur en sciences politiques et il a été Officier-analyste  à la  direction  de  l'Evaluation  et  de  la  Documentation Stratégique du Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN) et Directeur des  études  du  Centre  d'Etudes  et  de  Prospective  Stratégiques (CEPS). En 2000, il a crée le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), dont il assure aujourd’hui la direction, en même temps qu’il est Professeur-associé à l’université Montesquieu-Bordeaux IV. Il a été le tout premier spécialiste occidental à dire, en février 2011, que la révolution du jasmin est une conspiration américaine.
(2) Monsieur Mezri Haddad est docteur en philosophie politique, docteur en histoire, licencié en sociologie et maître de conférence en théologie catholique. Il a été chercheur au CNRS, puis professeur-associé à Assas, à la Sorbonne et à HEC. Il a dirigé l’institut chypriote Daedalos Institute of Geopolitics avant d’être nommé en 2010 Ambassadeur de Tunisie à l’UNESCO, poste dont il a démissionné en janvier 2011, la veille de la chute du régime.

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