mercredi 6 février 2013

Kirov / Belaïd ou quand l'Histoire balbutie entre dictature et démocratie


 

C'était il y a 80 ans !

Sergeï Mironovitch Kirov, leader soviétique prestigieux annoncé comme le successeur de Staline dont les méthodes commençaient à déplaire à l'intérieur du Parti, était assassiné juste après le septième congrès du PCUS, en décembre 1934. Que Staline ait ordonné en sous-main cet assassinat n’est plus contesté. Pourtant, dès le soir, le dictateur quittait Moscou pour Leningrad et giflait publiquement le responsable local de la police politique, le NKVD (ex-Guépéou).
De plus, Staline ordonna pour Kirov des funérailles et un deuil d’une ampleur sans précédent, faisant de lui un martyr à la face du monde, accompagnant à pied le cercueil, embrassant ostensiblement les joues du cadavres. "Meurtre très lâche – aucun qui ne le soit – mais celui-ci très lâche, étrange et monstrueux…" déclara-t-il entre autres.
Ce fut surtout le signal pour une vague de terreur terrifiante, qui culminera en 1937-38. Parmi les premiers arrêtés, Zinoviev et Kamenev, anciens compagnons de Lénine devenus peu à peu opposants. Puis la majeure partie du gouvernement, puis la majorité des officiers, etc. Sans oublier les couches plus modestes de la population.

Tunisie, Février 2013

Le chef du parti des Patriotes démocrates, mouvement d'opposition tunisien de gauche, Chokri Belaïd, 48 ans, a été assassiné par balles mercredi matin devant son domicile à Tunis alors que les violences politiques s'aggravent. Figure de l'opposition de gauche et critique acerbe du gouvernement actuel, il avait rejoint une coalition de partis, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place. Son frère a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d'être responsable du meurtre.
Le président tunisien Moncef Marzouki a annulé sa participation au sommet de l'Organisation de la coopération islamique au Caire pour rentrer d'urgence à Tunis. Il a dénoncé l'«odieux assassinat» d'un opposant.

Sinistre écho de l'Histoire ; Sale journée pour la démocratie !

Tunisie : violentes protestations après le meurtre d'un opposant de premier plan


L'avocat Chokri Belaïd, un opposant au régime, a été assassiné mercredi matin devant son domicile.
Plus de deux ans après la «révolution du jasmin», la Tunisie s'enfonce encore un peu plus dans un chaos comme l'Algérie a connu dans les années 1990.
Les manifestants ont ainsi repris le chemin de la rue pour protester contre le gouvernement du parti islamiste Ennahda dont des bureaux ont été attaqué mercredi matin. Signe que les tensions s'accroissent, à la mi-journée la police tirait des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Sidi Bouzid.

Le désarroi de la famille.

«Mon frère a été assassiné, je suis plus que désespéré et déprimé», a indiqué à l'AFP Abdelmajid Belaïd. Selon l'épouse de l'opposant, s'exprimant sur la radio Mosaïque, il a été touché par deux balles alors qu'il sortait de chez lui et est décédé de ses blessures lors de son transfert à l'hôpital. Son frère a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d'être responsable du meurtre. «J'emmerde tout le mouvement Ennahda et j'accuse (son chef) Rached Ghannouchi d'avoir fait assassiner mon frère», a-t-il déclaré, sans plus d'explication. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux.

Le gouvernement et le parti islamiste Ennahda réagissent dans l'urgence.

Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, du parti islamiste Ennahda, a dénoncé sur la radio Mosaïque FM « un acte criminel et acte de terrorisme» contre toute la Tunisie. Il a promis de tout faire pour que le tueur soit arrêté rapidement. Le président tunisien Moncef Marzouki a annulé sa participation au sommet de l'Organisation de la coopération islamique au Caire pour rentrer d'urgence à Tunis. Il a dénoncé l'«odieux assassinat» d'un opposant. Le chef d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir en Tunisie, Rached Ghannouchi a dénoncé mercredi le meurtre d'un opposant tunisien, estimant que les tueurs voulaient «un bain de sang mais ils ne vont pas réussir». «Les bénéficiaires (du crime) sont les ennemis de la révolution, les ennemis de la stabilité, les ennemis d'Ennahda, et les ennemis du gouvernement», a-t-il martelé.

Les Tunisiens retournent dans la rue.

Un millier de manifestants se sont réunis devant le ministère de l'Intérieur à Tunis et la foule continuait de grossir en fin de matinée pour dénoncer le meurtre. Les protestataires scandaient des slogans contre le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien et chantaient l'hymne national face au ministère, situé sur l'avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolte de 2011. Plusieurs dizaines de manifestants ont pris d'assaut les locaux d'Ennahda à Mezzouna, à 75 km au sud-est de Sidi-Bouzid, avant de l'incendier. A Gafsa, dans le bassin minier tunisien, des dizaines de personnes ont pénétré dans les locaux d'Ennahda, y brisant les meubles et arrachant les banderoles du mouvement. Quelque 700 personnes manifestaient pacifiquement dans cette même ville.

La gauche française condamne l'assassinat.

A commencer par le président François Hollande, qui a condamné ce mercredi «avec la plus grande fermeté» l'assassinat de Chokri Belaïd. Le chef de l'Etat a fait part de la «préoccupation» de Paris face à «la montée des violences politiques» dans ce pays. Dans un communiqué, le Parti socialiste a pour sa part constaté «avec inquiétude que la sécurité en Tunisie ne s’améliore pas, et il regrette les intimidations récurrentes ainsi que la tension persistante entre les différentes forces politiques», tandis qu'EELV disait son «indignation» suite au décès de la figure de l'opposition. Pour le PCF, «c'est la «révolution» tunisienne qui est directement visée. Ce sont les aspirations populaires, l'espoir d'un vrai changement qui sont attaqués».

«Après la mort en septembre d'un militant du parti Nida Tounes, ou l'attaque en décembre du siège de l'Union générale tunisienne du travail, cet assassinat marque le franchissement d'un nouveau seuil dans l'usage de la violence politique en Tunisie», déplore Bertrand Delanoë, le maire PS de Paris, dans un communiqué.




LeParisien.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire