lundi 18 février 2013

36-15 j'existe !



Trouvé sur le net, le billet d'un gauchiste (nul n'est parfait) "éclairé" (aurait-il posé des micros chez les Fillonistes ?) sur l'étoile montante de la droite, qui trouve son inspiration dans les révélations de la vierge noire du Puy-en-Velay ou le chant du muezzin, selon son humeur.

En filigrane, juste évocation de la figure austère et croupioniste mais qui se voudrait tutélaire de notre parti.
Jean-François, méfie-toi !

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/768263-ump-laurent-wauquiez-le-nouveau-poil-a-gratter-de-jean-francois-cope.html

UMP : Laurent Wauquiez, le nouveau poil-à-gratter de Jean-François Copé

Jean Martais


L'UMP est en chantier. Après la très chaotique élection du maire de Meaux à la présidence du parti, François Fillon n'est plus que l'ombre de lui-même... Le champ est donc libre pour la jeune garde, qui attend septembre 2013, en embuscade dans le dos des plus vieux. Le plus visible d'entre eux s'appelle Laurent Wauquiez, et il nous rappelle bien des gens.

 



Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale le 19 juin 2012 (K.TRIBOUILLARD/SIPA).



S'il y a bien un enseignement que François Fillon a su tirer de sa déconvenue électorale à la présidence de l'UMP, c'est qu'il n'était certainement pas dimensionné et formaté pour le poste. Pas parce que ses compétences, sa stature ou son parcours politique peuvent être remis en cause. Mais parce que sa personnalité intrinsèque ne cadrait pas avec le job.


Fillon, loup solitaire et ombrageux, estampillé homme d'état mais qui traîne aussi une réputation de personnage velléitaire et pusillanime, était-il capable de se muer en chef de meute carnassier, et de déclarer une guerre soutenue au pouvoir socialiste ? Était-il capable de quitter son nuage pour descendre dans l'arène ? La vérité est que, probablement, il ne le désirait pas vraiment et qu'il s'agissait simplement pour lui d'empêcher Jean-François Copé de prendre son envol dans l'optique de 2017.

Fillon n'est plus en position de se représenter à la présidence de l'UMP

 

Copé l'avait bien compris et c'est exactement ces traits de caractères qu'il a pointés lorsqu'au cours de la campagne, il qualifia son adversaire de "candidat des barons" ou de "Hollande de droite".


Force est de constater qu'il a réussi son coup puisqu'il est aujourd'hui président en titre de l'UMP, même s'il est affublé, suite à l'accord de sortie de crise de décembre dernier, d'une direction collégiale "fillono-compatible" censée le marquer à la culotte jusqu'aux prochaines élections de septembre 2013.





François Fillon et Jean-François Copé aux journées de l'UMP le 27 septembre 2012 (A.Robert/SIPA).


Ainsi, les membres du ticket Fillon ont obtenu de siéger à la droite du nouveau dieu de l'UMP (comme quoi il est possible d'être à droite de Copé) : Valérie Pécresse en tant que secrétaire générale déléguée (Michèle Tabarot conservant le poste de secrétaire générale) et Laurent Wauquiez en tant que vice-président plein et entier (Luc Chatel étant pour sa part vice-président délégué). Le fromage a donc été partagé.


François Fillon quant-à lui, après avoir déclaré pendant le vaudeville qu'il renonçait à la présidence de l'UMP, ne sera donc probablement pas en position de se représenter, sous peine de souligner une fois encore son manque de constance. Et de prêter le flanc à une critique facile. D'ailleurs, il a d'ores et déjà fait savoir qu'il aspirait à "prendre de la hauteur" et a être "à mi-chemin entre un Sarkozy qui n'est nulle part et un Copé qui est partout". On aura donc droit au cours des prochains mois à un Fillon lévitant tel un spectre au-dessus de la mêlée.


Pour autant, Fillon ne laissera pas le champ libre à son rival déclaré. De fait, de janvier à septembre, c'est une nouvelle gestation de neuf mois qui se profile à l'UMP et il serait surprenant, à l'aune des blessures infligées au cours de la première, qu'elle se déroule dans un climat plus apaisé. Il suffisait pour s'en convaincre d'observer la photo des retrouvailles lors de la journée de réunification du 15 janvier et dans ce contexte, Valérie Pécresse est un bon thermomètre...


Néanmoins, l'adhérent de base est prié de croire que la crise est maintenant à ranger au rayon des pertes et profits, et que cette nouvelle UMP rassemblée comme jamais l'est dans une unité digne d'une armée marchant au pas de l'oie. En l'occurrence, l'unité est de façade, l'armée est mexicaine et l'oie, gavée d'antibiotiques visant à la guérir.

Wauquiez dans la caricature constante de l'opposant stérile

Fillon ne sera donc plus en première ligne mais il a néanmoins inventé une arme bactériologique censée éradiquer la main-mise de Copé sur l'appareil : cette arme est Laurent Wauquiez.

Ce jeune Wauquiez que l'on voit partout. Et surtout, que l'on entend partout. Histoire de contrer l'omniprésence pathologique de Copé dans les médias. Il est l'archétype de l'opposition actuelle : celle qui cherche à s'opposer sans proposer, à se montrer sans démontrer, à aboyer pour dévoyer.


En un laps de temps très réduit, Laurent Wauquiez a d'abord épinglé le "présumé coupable" Jérôme Cahuzac, sommé d'apporter la preuve qu'il n'a jamais possédé de compte bancaire non déclaré en Suisse. Dans le monde de Laurent Wauquiez, chaque personne est donc originellement coupable sauf si elle parvient à démontrer le contraire.




Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, le 11 décembre 2012 (CHAMUSSY/SIPA).

Puis, suite au rappel de Vincent Peillon à l'enseignement catholique sous contrat, leur demandant de ne pas importer le débat sur le mariage pour tous dans les écoles, il a taxé le ministre de l'Éducation de "cathophobie", en profitant au passage pour dispenser une vision de la laïcité très proche de celle de la Droite forte (toutes les religions sont égales mais la religion catholique un peu plus). Dans le monde de Laurent Wauquiez, "l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur"...

Dans la foulée, alors qu'un quasi-unanimisme saluait la décision de François Hollande d'intervenir au Mali, soulignant notamment l'urgence qu'il y avait à le faire – y compris à droite –, notre jeune sniper se dit qu'il serait de bon ton de placer les éléments de langage "improvisation" et "impréparation", histoire d'instiller l'idée que le président socialiste est décidément un amateur.


Le tout, une semaine après avoir affirmé au contraire que "quand on a nos soldats exposés sur le terrain, (...) il est évident que le devoir républicain, c'est le consensus, l'union sacrée, au moment où des enfants de la France essaient de défendre les valeurs de la République sur des opérations extérieures".


Dans le monde de Laurent Wauquiez, ce qui est sacré, ce n'est donc pas l'union mais plutôt la lumière. La sienne en l'occurrence, dès lors qu'elle est médiatique. En revanche, il ne s’embarrasse guère de convenances et de cohérence, vertus à l'évidence inutiles.


Enfin, dans l'émission "Des paroles et des actes" consacrée à Arnaud Montebourg ce jeudi, on eut le droit à un Laurent Wauquiez de gala venu avec sa formule magique "marchand d'illusions" qu'il répéta plusieurs fois afin, probablement, de faire honneur au communicant à qui on devait cette trouvaille. Au final, il donna l'image d'un roquet venu mordre les mollets du ministre du Redressement productif, exactement la même que donna sa collègue Nathalie Kosciusko-Morizet au cours d'une émission précédente en face de Jean-Marc Ayrault.


Finalement, il semblerait que Laurent Wauquiez ne soit qu'une incarnation, parmi d'autres, de la maxime de Coluche : "de tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent". C'est en cela qu'il est caricatural. Dommage, il se fourvoie. Et le créneau est déjà surchargé. En la matière, l'UMP fait dans le surbooking.


Wauquiez, nouveau contre-poison du Copéisme ?

Mais il est assez savoureux de constater que pendant que le maire de Meaux cherche par tous les moyens à lisser son image de hussard (et ça commence déjà par sa façon bien moins agressive de s'exprimer dans les interviews), celui du Puy-en-Velay se balade l'arme en bandoulière et désosse tout ce qui ressemble de près ou de loin à un socialiste. Histoire de se faire un nom et une réputation.


Ce faisant, il emprunte à Copé sa technique de combat et c'est peut-être bien là le véritable intérêt de la manœuvre : employant une rhétorique primaire de type tête de gondole (des phrases chocs compréhensibles par tout le monde) et usant d'un cynisme insoupçonné, le défenseur auto-investi des classes moyennes est en train de pilonner le pourfendeur auto-proclamé de la "gauche bien-pensante" sur son propre terrain.


En somme, Copé fait du Fillon pendant que Wauquiez fait du Copé...

Ceci étant, il paraît évident aujourd'hui que Laurent Wauquiez ambitionne de se présenter à la présidence de l'UMP en septembre, d'autant plus que, conforté par les résultats de sa motion la Droite sociale (arrivée en 2e position avec 21.7 % des suffrages derrière la Droite forte), il peut se prévaloir d'une certaine légitimité à l'UMP.


On salive déjà à l'idée d'un débat Copé-Wauquiez. Premièrement parce que ces deux-là s'aiment autant que l'eau et le feu. Ensuite parce que l'Académie Française frisera ce jour-là l'apoplexie, prise en otage par les éléments de langage propres à chacun : ce sera la fête des "Pour ce qui me concerne (Copé)", "Je voudrais vous dire ma part de vérité (Copé)", "Je vais prendre un exemple très simple (Wauquiez)", "Matraquage fiscal des classes moyennes (Wauquiez)" etc.


Dans l'esprit de François Fillon, Laurent Wauquiez est donc probablement l'antidote ultime contre le copéisme. Le vaccin qui permettra au Sarthois de se tenir à distance pendant que le docteur Wauquiez se chargera du traitement à administrer à "l'inquiétant Monsieur Copé".


Dernière question : si Copé a été le Frankenstein de Sarkozy, Wauquiez sera-t-il celui de Fillon ?

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