mardi 27 novembre 2012

Quand les Suisses font la leçon aux Français

 
Ça avait déjà mal démarré avec la leçon d'économie de Nathalie Arthaud, pendant la campagne des présidentielles :
http://www.lejdd.fr/Election-presidentielle-2012/Actualite/Impot-sur-le-revenu-Arthaud-fait-la-lecon-a-Hollande-483941

Ça s'est poursuivi avec la double leçon de Merkel en juin :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/06/22/20002-20120622ARTFIG00698--rome-merkel-fait-la-lecon-a-hollande-sur-les-reformes.php
et en octobre :
http://www.youtube.com/watch?v=sY7kxirqUBc

Ce fut aussi, en septembre dernier, la leçon d'économie de Fréderic Bastiat :
http://www.paperblog.fr/5810048/lecon-d-economie-de-bastiat-a-hollande/

Enfin, le maitre queue DSK s'y est mis à son tour en octobre dernier :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/10/10/20002-20121010ARTFIG00390-dsk-fait-la-lecon-a-hollande.php

En fait, il comprend vite Flamby mais il faut lui répéter souvent...




 

Dans un numéro spécial consacré à la France, l'Agefi helvétique charge violemment les lourdeurs politiques et économiques de notre pays. De quoi piquer la fierté tricolore.


Chaque journaliste de la rédaction de Challenges a reçu ce vendredi un paquet en provenance de Suisse: la dernière livraison de l'Agefi helvétique, qu'on peut lire, selon les humeurs, d'un oeil amusé, agacé ou réjoui. Dans un numéro spécial consacré à la France, daté du mois de novembre, le quotidien économique et financier s'adresse à "Monsieur Hollande": "Faites-nous au moins l'honneur d'une visite. Les Suisses aiment partager leurs expériences."
S'ensuit une courte liste de faits choisis pour accabler notre pays. Par exemple: "La France a détruit 750.000 emplois en dix ans. La Suisse en a créé 500.000", "Le redressement productif ne se décrète pas. Il vient d'en bas: investisseurs privés, entrepreneurs, salariés, indépendants" ou encore "Les produits du travail et du capital captés par le fisc pour être transformés en salaires de fonctionnaires, rentes et missions publiques de confort ont tendance à affaiblir l'économie et ses capacités de redistribution"... De quoi piquer la fierté hexagonale.

"Des carriéristes formatés pour régner"

Ce que se plaît à faire le rédacteur en chef de l'Agefi, François Schaller, dans un long éditorial qui, sous son aspect de brûlot, ressemble aussi à la lettre d'un amoureux déçu de la France. Le texte débute par une charge contre le personnel politique français: "Décrédibiliser la Suisse fait partie des exutoires récurrents dans la vie politique française. En réaction et à titre préventif: il ne faudrait pas que les Français se mettent à rêver d'un régime qui leur donnerait un autre pouvoir que celui d'élire des carriéristes formatés pour régner, s'opposer, diviser, alimenter la défiance entre riches et pauvres, entre citoyens de gauche, de droite, extrêmes ou simplement désabusés."

"Il n’est pas souhaitable en France que les Français s’intéressent davantage à un petit pays urbain et multiculturel parvenant à intégrer discrètement un nombre record d’étrangers de toutes conditions, dont l’industrie figure au top de la compétitivité mondiale, avec un chômage structurel très faible, des salaires de bas d’échelle qui pourraient finir par faire envie. La Suisse a en plus l’impudence de vouloir rester à l’écart de l’Europe franco-allemande en construction", poursuit François Schaller.

La France et sa "niaiserie antimondialisante"

Et ça ne fait que commencer. "Vue de Suisse, la France semble être devenue le haut lieu d’un archaïsme politique insurmontable: il y a l’Etat, l’Etat est au-dessus de tout, rien ne peut se faire sans lui. (...) Cette conception du monde, qui fut en gros celle des siècles d’avant les révolutions bourgeoises d’Angleterre et de France, s’oppose à l’idée très suisse qu’il n’y a rien de réel ni de rationnel au-delà des individus, de leurs motivations, de leurs réalisations personnelles et collectives. (...) La créativité, le travail, l’organisation, l’efficacité durable, la prospérité viennent d’en bas. Pas d’en haut."

Un peu plus loin, le rédacteur en chef de l'Agefi appelle le voisin tricolore à "sortir de sa niaiserie antimondialisante. (...) Que la première destination touristique sur terre redevienne un symbole de modernité et de succès, qu’elle fasse rêver à autre chose que son glorieux passé. Qu’elle cesse de paraître suffisante, insuffisante et ridicule (avec son industrie automobile par exemple)."

"Les socialistes vont se retrouver avec un bilan dérisoire"

Inutile de dire que les premières options de François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne trouvent pas grâce aux yeux de François Schaller: "Le rapport Gallois (...) vient d’un énarque, serviteur émérite de l’Etat. Pourquoi n’avoir pas sollicité des entrepreneurs? Pourquoi la politique veut-elle tout garder sous contrôle?" On rappellera quand même à l'Agefi, pas toujours de très bonne foi dans ce numéro spécial (surtout quand sont évoqués l'évasion fiscale et le rôle d'UBS), que le commissaire général à l'investissement a dirigé pendant 6 ans EADS...

Pourtant, nous dit notre ami suisse qui nous veut du bien, tout n'est peut-être pas perdu. "Il n’y a que la gauche à pouvoir convaincre en France que le Smic ou les 35 heures peuvent s’avérer absurdes dans certaines circonstances. S’ils ne s’imposent pas cette ambition historique et héroïque, les socialistes vont de toute manière se retrouver bientôt avec un bilan dérisoire: quelques points de croissance offerts par la conjoncture mondiale, une courbe de chômage inversée grâce à des emplois alimentés artificiellement, un endettement légèrement mieux maîtrisé à force de ponctions fiscales sans inspiration."

Alors, tout irait mieux, prédit François Schaller. Car "quand la France s’éveillera, le monde s’émerveillera." Et la Suisse avec lui.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire