dimanche 9 septembre 2012




Le président normal chute dans les sondages, ce qui est normal et attendu.

Cette présidence a commencé sur une erreur d’interprétation. La victoire de Hollande n’est pas due à un engagement massif des Français pour l’homme ou pour le socialisme, elle est due à un rejet de Nicolas Sarkozy, de l’homme et non pas de sa politique. C’est une réalité malheureuse et injuste, mais c’est ainsi. Je ne reviendrai pas sur les racines de cette « inimitié ».

C’est la première raison de la méfiance vis-à-vis de Hollande et de la mauvaise analyse des socialistes. Ils croyaient avoir gagné par adhésion. Pour eux, la France était devenue rose, verte, rouge. Première erreur !

François Hollande s’est voulu le contrepoint de Nicolas Sarkozy. Il est tombé dans l’excès de la « normalitude » grotesque. Les Belges, prompts à critiquer par l’humour, le montrent bien. François Hollande est venu à Bruxelles en train, mais est retourné à Paris en voiture. Les Belges nous disent : « il nous prend pour des idiots. S’il est retourné en voiture, c’est que celle-ci est venue de Paris. Alors, pourquoi ne pas l’avoir prise à l’aller ?! »

Chez François Hollande, tout est arrangé. La « normalitude » est programmée. Les Français ne sont pas dupes et l’épisode de Brégançon est révélateur. Six bateaux ont été autorisés par la présidence à stationner devant le Fort pour faire des photos du président et de sa compagne. Il fallait qu’ils soient vus en maillot de bain, la main dans la main, testant d’un pied léger la température de l’eau. Belles images de Monsieur et Madame Tout le monde… Mais à Brégançon, s’il vous plaît.

Cette mise en scène grotesque a énervé les Français au plus haut point. Ces vacances trop longues, alors que le monde était en flammes, n’étaient pas dans le temps politique.

Les premières mesures prises par le gouvernement (donc par le président) ont été considérées par les Français comme démagogiques et surtout, sans aucune vision a long terme, parfois même à contre-courant de la réalité.

Si nos compatriotes ont applaudi en souriant la baisse du salaire du président, c’est qu’ils ont compris que ce n’était qu’un leurre. Ils savent qu’il n’a aucune dépense : logé, nourri, blanchi, véhiculé… Le budget de l’Elysée est important, d’autant que Valérie T. a un bureau, des collaborateurs… payés par l’Etat !

Quant aux autres décisions, les Français ne sont pas dupes également. Concernant le retour de la retraite à 60 ans (c’est déjà ça de pris !), ils savent que c’est une bêtise historique et dangereuse. Mais après tout, c’est le gouvernement qui l’a décidé. Est-ce bien pour l’avenir de la France ? Ils répondent non. Est-ce bien pour vous ? Ils répondent oui. C’est ce qu’on appelle de la basse démagogie.

Les autres mesures ont été ridicules. L’augmentation du SMIC de 2% affichée n’est qu’en réalité de 0,6%. Un café noir, sans plus ! Le doublement du livret A ? Pourquoi pas ! Cela ne change pas la vie. La baisse symbolique et temporaire de l’essence ? Une arnaque. L’embauche de fonctionnaires et les emplois jeunes ? Ils savent que cela ne va pas dans le sens de la réduction des déficits. C’est bien pour nous, ce n’est pas bon pour l’avenir !!! Voilà ce qu’ils se disent une nouvelle fois.

L’environnement social est mauvais et les Français ont peur. Ils ont perdu confiance, si jamais ils l’avaient eu. Arnaud Montebourg gesticule, mais les entreprises ferment. Valls expulse les Roms tandis que Taubira s’insurge. Les Verts commencent à avoir une indigestion des boas qu’ils sont obligés d’avaler. Mélenchon éructe (comme d’habitude, me direz-vous) et accuse à tout va.

Tout cela n’est pas en faveur de François Hollande. Rien, vraiment rien, n’est solide dans ces décisions. Rien, vraiment rien, ne laisse entrevoir une amélioration de la vie des Français sur le long terme.

Quant au monde qui nous entoure, il est tellement violent qu’il fait de plus en plus peur.

François Hollande n’y connaît rien, semble perdre pied, ne sait pas agir. La France, qui ne sait pas anticiper, fait rire les pays étrangers, fait pleurer les amoureux de notre pays.

Non, vraiment, François Hollande ne risque pas de voir sa cote de popularité remonter, mais avec sa descente, c’est la France qu’il entraine.


Pr. Bernard DEBRE
Ancien Ministre
Député de Paris

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